Philippo Rufus est disposé à combler vos attentes, avec enthousiasme.

Très cher journal,

je me permets de t’étrenner un peu rudement en t'informant que la vie n'a pas été aisée tous les jours pour ton propriétaire, et ce depuis son enfance. Mais rassure-toi, les choses sont en train de prendre un tournant bien plus étincelant, je l’espère.
J'aurais pu être un enfant comme les autres si la nature ne m'avais pas doté très jeune d'un trouble qui se manifeste généralement à l'adolescence, dont je parlerai plus tard.
Déjà, après le suicide de papa la veille de mes six ans - quand maman nous a abandonnés avec l'espoir d'une vie moins pesante en Argentine - mon grand frère Gustave et moi n'avons eu de cesse de lutter contre le destin. Heureusement, étant déjà majeur et vif d’esprit, il a pu subvenir à tous mes besoins.

Le temps passant, j'ai eu une adolescence partagée entre les excès en tous genre et les pires crises d'angoisse, recherchant le réconfort dans les bras de garçons un peu plus solides que feu mon papa. Diverses mésaventures m'ont poussées à changer de vie, et j'ai repris mon destin en main le soir où mon amant de l'époque, Jerry Racoon, a filmé nos amours à des fins lucratives, sans mon consentement.

Humilié, je changeais de ville et vécu quelques temps dans des foyers avant de commencer à percer dans la chanson. Remarqué pour quelques performances de rap de rue où j'éprouvai mon flow envers les critiques acerbes de la plèbe, je signais rapidement un contrat avec une maison de disques indépendante, pour qui mon affliction - dont je parlais tout à l'heure sans la nommer - définissait mon style.
Oui je peux te le confier maintenant, un trouble obsessionnel compulsif m'a mis au ban de la société depuis ma plus tendre enfance, mais je ne te le décrirai pas, parce qu'encore aujourd'hui j'en souffre. Même si paradoxalement c'est à lui que je dois une partie de ce début de succès actuel. J'ai donné quelques performances télévisuelles et l'argent commence à rentrer, comme quoi vos pires malheurs peuvent parfois vous sauver de la noyade après avoir donné la tape initiale qui vous a poussé dans l'eau.

J'arrive efficacement à éviter de retomber dans mes addictions passées (la drogue notamment, mais aussi et surtout la recherche de l'amour des autres).
De plus, la lumière de ce bout de tunnel s'intensifie avec l'arrivée de Joshua dans ma vie. Un homme bon comme je n'en avais encore jamais rêvé, qui me permet de profiter ds plaisirs de la vie avec d'autres, du moment où je m'épanouis enfin.
Nous nous aimons, même s'il n'a pas beaucoup d'argent. Mais son père est producteur, et j’espère bien qu'une fois leur conflit apaisé (ce dernier étant dû au coming out de son fils, avec moi) il acceptera de lancer ma carrière internationale dans le monde.

Je t'embrasse et te chéri, gardien de mes confidences intimes, garde bien tous mes secrets à l'abri de ta couverture de cuir brun, comme mon cœur sauvé in extremis de l'auto-déstruction.